LE CANCER DU SEIN : CONSEILS AVISÉS D’UN PROFESSIONNEL DE SANTÉ
Par VANESSA DEBI
Alors que nous arrivons à la conclusion de notre exploration du cancer du sein, il est fondamental de se rappeler l’importance du soutien, de la sensibilisation et de l’éducation.
À travers ses derniers mots de cette série, Dr AGBO espère apporter une meilleure compréhension et un soutien accru pour toutes les femmes touchées par le cancer du sein.
1. Quel rôle joue le soutien psychologique et social dans le parcours de soins des patientes atteintes de cancer du sein ?
Le soutien psychologique et social est crucial tout au long du parcours de soins d’une patiente atteinte de cancer du sein, du diagnostic au traitement, et même après la rémission. La recherche montre que le soutien émotionnel peut améliorer la qualité de vie des patientes, réduire les symptômes de dépression et d’anxiété, et même influencer les résultats du traitement en améliorant l’adhésion au protocole thérapeutique.
Le stress émotionnel peut rendre plus difficile l’adhésion aux traitements, en particulier dans les cas où les effets secondaires sont lourds. Un soutien psychologique permet de mieux gérer ces défis, ce qui aide les patientes à suivre le plan de traitement prescrit de manière plus rigoureuse.
Le cancer du sein est un diagnostic bouleversant, et il est courant que les patientes éprouvent des symptômes de dépression ou d’anxiété. Une prise en charge psychologique appropriée permet de les soutenir dans cette épreuve émotionnelle. Les thérapies cognitives et comportementales sont couramment utilisées pour aider les patientes à gérer leurs émotions négatives. Le rôle de la famille, des amis et de la communauté est également essentiel. Un réseau de soutien social peut offrir un soutien pratique (aide à la garde d’enfants, transport et accompagnement pour honorer les rendez vous). Les études montrent que les patientes qui bénéficient d’un solide réseau de soutien ont tendance à mieux tolérer les traitements et à avoir de meilleurs résultats en termes de qualité de vie. Le soutien psychologique et social permet non seulement de surmonter les difficultés émotionnelles liées à la maladie, mais il a également un effet tangible sur les résultats de santé globaux des patientes.
2. Comment la collaboration entre médecins, chirurgiens, psychologues et autres professionnels de santé permet elle d’offrir un traitement global aux patientes ?
La prise en charge du cancer du sein nécessite une approche pluridisciplinaire qui implique une collaboration étroite entre différents professionnels de santé. Cela permet de s’assurer que toutes les facettes de la maladie, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales, sont prises en compte. Voici comment cette collaboration se manifeste :
Dans la plupart des hôpitaux des réunions de concertation staffs sont organisées régulièrement. Ces réunions réunissent les specialistes pour discuter des cas et au besoin faire des demandes d’avis. Chaque professionnel apporte son expertise pour discuter du cas de la patiente et définir le meilleur plan de traitement personnalisé.
Une bonne coordination entre ces spécialistes, pour éviter les retards dans le traitement et garantir une continuité des soins.
Les psychiatres et psychologues travaillent en étroite collaboration avec l’équipe médicale pour offrir un soutien aux patientes dès le diagnostic et tout au long de leur traitement. Ils sont impliqués dans les discussions sur les plans de soins et aident à préparer les patientes aux défis émotionnels qu’elles pourraient rencontrer, comme la gestion des effets secondaires ou la peur de la récidive.
Les kinésithérapeutes, les nutritionnistes jouent également un rôle clé dans le rétablissement des patientes.
3. Quels sont les messages clés que vous souhaitez faire passer aux femmes et au grand public pendant cette campagne ?
Les messages clés à faire passer pendant la campagne d’octobre rose 2024 sont multiples et visent à sensibiliser, à informer et à encourager la population à l’action.
Le dépistage précoce est essentiel pour détecter le cancer du sein à un stade où il est le plus facilement traitable. Plus un cancer du sein est détecté tôt, plus les chances de guérison sont élevées, avec des traitements moins invasifs. Il est crucial que les femmes prennent rendez-vous pour des mammographies régulières, en particulier après 50 ans, et dès 40 ans pour celles qui présentent des risques accrus.
Il est important que chaque femme connaisse son propre corps et soit attentive aux changements. Que ce soit par des auto-examens réguliers tous les mois ou en étant attentive à des signes inhabituels, la détection des premiers symptômes peut jouer un rôle clé dans le diagnostic. Toute anomalie, même légère, doit être signalée à un médecin.
Il est possible de réduire le risque de développer un cancer du sein en adoptant des comportements sains. Cela inclut l’alimentation équilibrée, l’activité physique régulière, la réduction de la consommation d’alcool et le maintien d’un poids santé.
Il est important que les femmes sachent qu’elles ne sont pas seules et qu’elles ont accès à de nombreux soutiens, qu’ils soient médicaux, psychologiques ou sociaux. Le rôle des proches et de la communauté est également essentiel pour soutenir moralement les patientes. Bien que le cancer du sein soit beaucoup plus rare chez les hommes, il est important de rappeler qu’ils ne sont pas épargnés par la maladie. Les hommes doivent également être vigilants et consulter un médecin s’ils remarquent des signes inhabituels.
4. Comment le grand public peut-il contribuer à améliorer la sensibilisation et encourager le dépistage ?
Les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne offrent une portée immense pour diffuser des informations sur le cancer du sein, le dépistage et les événements de sensibilisation comme octobre rose. En partageant des articles , des témoignages ou des interviews comme ce que nous faisons actuellement. Il est important de partager des informations fiables.
Des événements comme les marches contre le cancer du sein dans les villes du pays ou les campagnes de collecte de fonds sont des moyens puissants pour sensibiliser à cette cause. En y participant, le grand public montre son soutien aux femmes touchées par la maladie et aide à financer la recherche et les services d’accompagnement. Il peut être difficile pour certaines femmes de se souvenir ou de prendre l’initiative de faire une mammographie régulière. Les proches peuvent jouer un rôle en rappelant l’importance du dépistage et en encourageant leurs amies, sœurs ou mères à prendre soin d’elles-mêmes.
Beaucoup de femmes hésitent à parler du cancer du sein par peur ou gêne. En initiant des discussions ouvertes sur la santé des seins et le dépistage, le public peut aider à briser ces tabous et à rendre la conversation sur la prévention et la détection plus normale. Au-delà de l’aspect médical, le soutien émotionnel et moral est vital pour les femmes touchées par le cancer du sein. Être à l’écoute, offrir son aide et montrer de l’empathie sont des gestes qui peuvent grandement améliorer la qualité de vie des patientes.
5. Quelles sont les plus grandes avancées que vous espérez voir dans les prochaines années en matière de traitement ou de prévention du cancer du sein ?
J’aimerais voir un essor de la médecine personnalisée, qui adapte les traitements en fonction des caractéristiques génétiques et biologiques de la tumeur de chaque patiente. Que dans un avenir proche, nous ayons plusieurs centres de cancérologie avec des subventions et des traitements encore plus ciblés, pour réduire les effets secondaires ,améliorer l’efficacité des traitements. Le développement de l’immunothérapie en particulier pour les formes plus agressives ou résistantes aux traitements actuels.
L’amélioration des techniques de dépistage, à travers des tests non invasifs comme des prises de sang pour détecter des marqueurs précoces de cancer du sein, rendant le dépistage plus accessible et moins stressant. Des avancées dans le traitement avec des moyens moins invasifs et réduisant les dommages aux tissus sains.
6. En guise de derniers mots, dites nous quels sont les défis actuels auxquels la recherche sur le cancer du sein fait face ?
L’une des grandes difficultés de la recherche actuelle est la résistance aux traitements. Certaines patientes ne répondent pas aux traitements conventionnels ou développent une résistance après un certain temps. La recherche vise à comprendre les mécanismes biologiques de cette résistance afin de développer des thérapies alternatives.
Les cancers du sein dits “triple négatifs” sont particulièrement agressifs et difficiles à traiter.
Trouver des solutions efficaces pour ces cancers reste un défi majeur.
Toutes les patientes n’ont pas accès aux soins de qualité. Les inégalités géographiques, sociales et économiques peuvent limiter l’accès à des soins de qualité. La recherche doit aussi se concentrer sur des solutions pour rendre les traitements plus accessibles, notamment dans les pays en développement.
La lutte contre le cancer du sein progresse, mais de nombreux défis restent à relever. L’engagement collectif de la société, des chercheurs, des médecins et du grand public est essentiel pour continuer à avancer dans cette bataille.
À la fin de ces fructueux échanges avec le Docteur AGBO, nous pouvons conclure que le cancer du sein reste l’un des défis majeurs de la santé publique mondiale. Grâce aux progrès de la recherche et aux campagnes de dépistage, de plus en plus de cas sont détectés à un stade précoce, ce qui augmente les chances de guérison et améliore la qualité de vie des personnes touchées.
La sensibilisation, l’accès au dépistage et les avancées thérapeutiques sont essentiels pour réduire la mortalité et aider les patientes à mieux affronter cette maladie.
Cependant, la prévention et le soutien continu des patientes et de leurs proches restent cruciaux pour surmonter les nombreux défis qu’implique cette pathologie. En mettant l’accent sur l’information, la recherche et la solidarité, nous pouvons espérer non seulement réduire l’impact de ce cancer, mais aussi offrir de nouvelles perspectives d’espoir et de résilience pour tous ceux qui y sont confrontés.
Vanessa Débi