TOGO / Festival IYé, entre identité culturelle et engagement commun.
Dans un espace culturel où la demande est au-dessus de l’offre, le « Festival IYé » imprime son empreinte de la plus belle des manières. Célébration de la diversité culturelle, de la valorisation des talents, d’innovation et d’engagement communautaire, c’est un nouveau chapitre que s’apprête à écrire Elisabeth Apampa, promotrice dudit festival, et son comité d’organisation au mois de Septembre pour quatre jours d’activité à Lomé au Togo avec des pré-évents à Djagblé et Anié. Pourtant, il y a encore quelques années, rien ne prédestinait à un tel succès ce festival.
IYé Média : Merci Elisabeth Apampa d’accorder cette interview à la rédaction. Votre comité est à pied d’œuvre pour la réussite de l’édition 7 du « Festival Ma Rue Ma Musique », festival dont vous êtes l’initiatrice. Justement ledit festival fait peau neuve change, « Festival IYé » en est la nouvelle dénomination. Quelle en sont les raisons ?
Elisabeth Apampa : Merci à l’équipe de la rédaction. La décision de changer le nom du Festival Ma Rue Ma Musique pour Festival IYé reflète une volonté de mieux représenter l’essence et l’évolution de l’événement. Ce nouveau nom, “IYé”, qui signifie “valoriser, élever”, symbolise une identité renouvelée et une approche plus inclusive, alignée avec les objectifs de célébration de la diversité culturelle, de la valorisation des talents, d’innovation, et d’engagement communautaire. Le changement de dénomination marque également une étape de croissance et de renouveau, permettant au festival de se repositionner et d’élargir son impact culturel et social, tout en maintenant sa volonté de rapprocher l’offre culturelle des communautés de base.
IYé Média: Évoquons, si vous le voulez bien, la genèse de ce festival aux mille couleurs.
Elisabeth Apampa : Le Festival IYé trouve ses racines dans une volonté profonde de valoriser nos talents locaux et d’offrir des opportunités à ceux qui n’avaient pas les moyens de s’offrir des tickets de spectacles, notamment les enfants de rue. L’idée de ce festival est née de cette envie de permettre à tous, surtout aux plus démunis, de rencontrer les artistes qu’ils aiment. Lors de la première édition, les invités ont été choisis par les enfants du quartier d’Agbalépédo et ceux du centre MAREM. Nous avons même organisé une rencontre exclusive entre un artiste très populaire et ces enfants, un moment inoubliable.
Depuis le début, le festival a su combiner un aspect très professionnel avec des formations et des performances artistiques de haut niveau, tout en conservant une dimension humaine et sociale. Notre objectif a toujours été de stimuler des vocations chez les enfants à travers des ateliers artistiques organisés dans des orphelinats et des écoles, et des actions de MasterClass pour les talents émergents. Nous voulons offrir un cadre où chacun peut exprimer sa passion et son talent.
Même si le festival évolue, ces valeurs fondamentales de partage, d’inclusion et de valorisation des talents locaux restent intactes.
IYé Média: Un coup d’œil dans le rétroviseur, un bilan des six (6) dernières éditions !
Elisabeth APAMPA: Depuis sa première édition en 2017, le Festival IYé, anciennement “Ma Rue Ma Musique”, a su évoluer et marquer de son empreinte la scène culturelle togolaise.
La première édition, du 21 au 24 juin 2017, a débuté par une émission radiophonique spéciale, suivie d’ateliers thématiques et de concerts gratuits au carrefour HAAC à Agbalepedo. Un millier de jeunes, d’enfants, de femmes et d’hommes ont pu savourer la musique et les arts de la scène, découvrant ainsi l’impact de l’expression artistique sur le bien-être communautaire. En 2018, le festival s’est élargi avec des activités réparties sur plusieurs dates et lieux à Lomé. Du 18 mai au 22 juin, environ 5 000 spectateurs ont assisté aux performances de plus de 50 artistes au carrefour des deux lions à Agoè-Nyivé. Les jeunes et les enfants ont participé à des ateliers de musique, de peinture et de dessin, enrichissant ainsi leur expérience artistique.
La troisième édition, du 8 au 21 juin 2019, axée sur les échanges culturels, a culminé au quartier Tokoin-Doumassé, touchant près de 2 000 personnes. Le festival est devenu un rendez-vous incontournable de l’industrie musicale urbaine au Togo, favorisant la liberté de création et d’expression dans l’espace public. En 2020, malgré les restrictions de la COVID-19, le festival a proposé une édition digitale, en collaboration avec l’Union européenne, l’Institut Français et l’Ambassade de France. Diffusée en direct sur les réseaux sociaux et les médias nationaux, cette édition a permis de toucher un large public, offrant une éducation de masse et une continuité artistique malgré la pandémie.
La cinquième édition, du 18 au 23 juin 2022, accueillie par les villes de Sokodé et Kara, a proposé des formations aux artistes locaux et des concerts, enrichissant leur parcours professionnel. Ces formations ont permis aux artistes de perfectionner leurs compétences et de contribuer activement à la scène culturelle locale. La sixième édition, le 21 juin 2023, s’est tenue à Anié, marquée par des formations pour les artistes locaux et une cérémonie spéciale avec le maire d’Anié, les autorités locales et les chefs traditionnels. Trois séries de panels ont offert des formations de qualité, préparant les artistes à un spectacle live en 2024. Les éditions à venir (2024-2026) s’inscrivent dans le projet global InPaCTS – ECO, soutenu par l’AFD et l’Institut Français. Ce projet vise à promouvoir le partage culturel et la transformation sociale et écologique à travers la musique et les arts de rue. Huit collectivités territoriales, dont les communes de Tône 1, Kozah 1, Tchaoudjo 1, Anié 1, Kloto 1, Lacs 1, Vo 2 et Lomé, bénéficieront directement des activités proposées. Chaque édition comprendra des formations pour les artistes, des compétitions pour dénicher les talents et des concerts, avec une apothéose grandiose chaque année.
IYé Média: Quelles seront les particularités de ce septième volet ?
La septième édition du Festival IYé se distinguera par plusieurs caractéristiques uniques, reflétant l’évolution et l’expansion continue de l’événement. Cette édition, prévue du 5 au 8 septembre 2024, sera axée sur le thème “La Musique au service de la citoyenneté locale et la transition écologique,” témoignant de la volonté du festival de promouvoir des valeurs civiques et environnementales à travers les arts.
Pour la première fois, le festival accueillera un pays invité d’honneur, renforçant ainsi son ouverture et son rayonnement international. Les MasterClasses ont commencé dès février, visant à découvrir et à former de nouveaux talents, avec un focus sur l’excellence artistique. Des actions décentralisées sont également prévues à Djagblé , 10 Aout et Anié, 31 Aout permettant de toucher un public plus large et de diversifier les lieux d’intervention. A Djagblé d’ailleurs, les choses ce sont bien déroulés avec un lauréat dans la catégorie SLAM qui est SIRE GODWIN et une lauréate dans la catégorie CHANT qui est MELKA.
Le festival en Septembre, s’étendra sur quatre jours, offrant un programme riche et varié comprenant des ateliers, des débats, des expositions, et des performances. Les ateliers couvriront une large gamme de thématiques, toutes centrées sur les industries culturelles et créatives, le développement des compétences, l’innovation et l’inclusion. Parmi les sujets abordés, il y aura l’entrepreneuriat culturel et ses défis en termes de financement et de fiscalité, la structuration des entreprises féminines avec un talk spécial pour les femmes du secteur, les politiques culturelles pour promouvoir les industries culturelles et créatives (ICC) au Togo, l’innovation sociale et le rôle des arts et de la culture dans le développement social, la lutte contre les inégalités, et la transition écologique, ainsi que la gestion des droits d’auteurs avec des sessions animées par des experts. En plus des ateliers, le festival proposera une parade et des performances de rue avec échassiers, marionnettes, et autres artistes de rue, des performances musicales urbaines ajoutant une dimension festive et interactive à l’événement.
IYé Média: Un pays invité, le Gabon. A quoi devraient s’attendre les festivaliers ?
Le Gabon a été choisi comme pays invité d’honneur au festival organisé par le Togo pour plusieurs raisons stratégiques et culturelles. Le Gabon est un pays en pleine ouverture et reconstruction, ce qui représente une force. Il possède une diversité culturelle riche et unique, avec ses nombreux groupes ethniques, traditions et pratiques artistiques. Mettre en lumière cette diversité permet de promouvoir un échange culturel enrichissant entre le Gabon et le Togo.
Les relations bilatérales et diplomatiques solides entre le Togo et le Gabon sont également à saluer. De plus, musicalement, le Gabon est très riche, et cette invitation est une manière de célébrer notre amitié avec des stars de ce pays. Cela facilite également des relations futures entre nos deux nations.
IYé Média : Elisabeth Apampa, on a tous à l’esprit les moments vide de scènes dans le monde. Les activités ont repris et des habitudes à imprimer rapidement dans le quotidien ; Une promesse à faire aux festivaliers ?
Elisabeth Apampa : Aux festivaliers, nous promettons une édition marquante du Festival IYé, qui aspire à devenir l’une des références incontournables de la destination Togo. Vous vivrez quatre jours d’immersions culturelles, de spectacles, et d’échanges inspirants. Cette année, nous avons prévu des MasterClasses exclusives, des performances inédites, et la participation d’artistes de renom, ainsi qu’un guest venant du Gabon, notre pays invité d’honneur. Vous aurez l’occasion de découvrir de nouveaux talents, de participer à des ateliers innovants, et de célébrer la diversité culturelle et l’engagement écologique. C’est une histoire nouvelle que nous allons écrire ensemble.
IYé Média: Place donc au travail et cela depuis un bon moment comme on peut le constater. Quel est votre souhait le plus cher pour cette édition ?
Elisabeth Apampa : Mon souhait le plus cher pour cette édition du « Festival IYé » est de réunir tous les passionnés d’art, de culture, et de tourisme, et de sentir une énergie vibrante et positive. Je souhaite que chaque personne vivant au Togo puisse profiter pleinement de cette édition, en découvrant des talents, des spectacles inspirants et en participant à des échanges enrichissants. J’espère également ressentir une immense fierté de la part de notre pays pour avoir réussi ce pari culturel et pour avoir mis en avant notre jeunesse talentueuse. Que cette édition soit une véritable célébration de notre identité culturelle et de notre engagement commun.
Propos recueillis par Alain MOUAKA.