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Steven Af : avancer au rythme Togolais …

Pionnier sur la scène cinématographique et musicale au Togo, sa vision l'a guidé vers l'établissement de sa marque dans le cinéma. Lors de cette conversation avec Elisabeth APAMPA, Steven Af partage ses réflexions sur l'industrie, offre un regard éclairé sur l'avenir prometteur de la culture togolaise et évoque sa relation avec l'artiste chanteur ALI JEZZ. On a croisé STEVEN AF à qui on a posé quelques questions !

 

STOP IYAWO – ARTICLE

1-Revenons sur votre dernier film, “Le Coup de Grâce”, sorti en 2022. Pouvez-vous nous parler des activités entourant ce film, de l’inspiration à la diffusion ?

Le coup de grâce, c’est d’abord une histoire politique, un sujet politique et qui est toujours d’actualité vu nos contextes malgré que c’est tourné en 2020 et diffusé en 2022. Et après, vous pouvez compter le nombre de coups d’État dans la sous-région. C’est une histoire qui m’a été inspiré par la politique africaine, des indépendances à nos jours. J’ai toujours dit qu’en Afrique la politique est un jeu dangereux qui n’est réservé qu’aux initiés. Il faut dire que c’est l’histoire des nations africaines, les jeux politiques et politiciens qui ont inspiré cette histoire que j’ai écrite. Après la sortie en 2022 avec tout le succès, c’est aussi sorti sur TV5 MONDE, on a participé à de grands festivals dont le festival Écran Noir où le film a remporté le 2ème prix et le prix de la meilleure interprétation féminine.

 

2-Ce film parle de la vie politique en Afrique : que vous inspire l’actualité politique togolaise ?

Ma réponse va être directe, rien du tout. Ça ne m’inspire rien ! Je ne suis pas observateur de l’actualité politique togolaise, je la vois dans la généralité de la politique africaine. Et pour moi, la politique togolaise est pareille à la politique africaine. Donc pas de particularité. C’est un tout, les alliances, les politiciens qui sont x aujourd’hui et deviennent y demain et donc c’est l’actualité politique africaine dans sa globalité que je suis.

 

3-Comment avez-vous perçu l’accueil réservé par le public à ce film « Le Coup de Grâce » ?

Pour moi, ça démontre l’envie du public, la soif du public de voir des films togolais, de très bons films togolais. Et cette fierté nationale, ce patriotisme dont fait preuve les Togolais pour soutenir un film togolais. Je ne pense pas qu’un film étranger, d’un autre pays recevra le même accueil au TOGO. Je trouve que c’est intéressant, encourageant et donne envie de poursuivre et faire encore mieux.

 

4-Quels sont les éléments clés que vous considérez essentiels pour créer un film réussi ?

Pour moi les éléments clés pour réussir un film, un projet cinématographique, c’est déjà avoir la base : une bonne histoire. C’est-à-dire pour avoir un bon film, il faut une bonne histoire, un bon scénario. La deuxième chose il faut une très bonne équipe technique et artistique. Pour que sur le plan visuel, artistique et technique le film soit bien ficelé avec de bons acteurs. Maintenant la troisième chose, il faut les moyens financiers. Ce sont les 3 choses déterminantes, selon moi, pour réussir un projet cinématographique. S’il y a les moyens, une équipe compétente, un bon scénario c’est lancé pour un très bon film.

 

5-Vous êtes un pionnier de la vidéographie au Togo, mêlant musique et cinéma. Comment avez-vous vu l’évolution de l’industrie musicale et cinématographique depuis le début de votre carrière ?

C’est vrai. Disons que nous avons commencé à une période où c’était un peu plus compliqué. Les moyens techniques, technologiques, l’accès à internet n’étaient pas les mêmes. Mais très vite avec l’évolution d’internet, la passion, il y a eu de la motivation, de l’engouement, une deuxième génération de jeunes qui sont arrivés et font aussi très bien le travail. Aujourd’hui ça avance. Ce qui manque en réalité, ce sont les moyens pour développer cette industrie. Parce que les talents ne manquent pas, les compétences ne manquent pas, c’est le manque de moyens qui fait que les choses n’avancent pas. Certains parleront de la structuration mais sans les moyens, c’est complexe. Avec les législations votées récemment, que ce soit pour le cinéma ou la musique, les moyens n’ont pas accompagné ces réformes. Du coup c’est compliqué pour les acteurs du secteur de progresser et donc il y a un tas de problèmes. Et ça va lentement, on espère toujours que dans les années à venir, les choses vont vraiment progresser pour que le TOGO aussi se fasse compter parmi les nations culturelles.

 

 

STEVEN AF

 

6-Quels défis avez-vous rencontrés en tant que vidéaste dans le contexte spécifique du Togo, à vos débuts très tôt ?

À mes débuts, l’époque où je faisais encore les vidéo clips, non, pas de défis, j’étais juste passionné. Un autodidacte qui faisait juste les choses et qui allait de l’avant. Le défi était d’être utile, de faire quelque chose pour le secteur. À l’époque entre 2002 et 2008, je me lançais avec les moyens de bord et comme on dit au pays des aveugles les borgnes sont rois. Je ne m’inquiétais de rien. On apportait notre pierre à l’édifice au niveau de la musique. Et les artistes aussi avaient du succès. On aimait, on ne se souciait pas de l’argent, on faisait juste. C’était ça les débuts. Les défis c’était de faire les choses.

 

7- Pouvez-vous nous parler d’un projet ou d’une collaboration qui a particulièrement marqué votre carrière ?

Moi j’ai deux carrières en soi en tant que vidéaste de clips vidéos au début et ensuite réalisateur cinéma. Ce qui a plus marqué ma carrière ce sont mes collaborations avec ALI JEZZ. Tout le monde le sait, on faisait des clips qui sortaient comme des blockbusters c’est-à-dire on faisait des clips, on avait une façon de collaborer et il y avait un plaisir à travailler et les autres en parlaient. Ça a beaucoup marqué. De Lonlon Vanvan, à Hope in the Area, chaque clip avec ALI JEZZ sortait du lot. ALI JEZZ était ma préférence. Je ne vais pas le nier aujourd’hui, travailler avec lui a été une époque marquante de ma carrière. On s’est fait ensemble.

Cinéma 2013, je dirais que c’est le film “SHERIFA” qui a marqué ma carrière. Quand je sortais “SHERIFA”, c’était le tournant du cinéaste. Les gens ont découvert une innovation, une nouveauté, les gens étaient motivés. La projection au Grand Rex était très touchante. Et ça a donné un tournant décisif à ma carrière de réalisateur.

 

8-Comment envisagez-vous l’avenir de l’industrie cinématographique et musicale au Togo, notamment avec l’utilisation croissante des technologies numériques ?

C’est prometteur autant pour la musique que pour le cinéma. Car il y a toujours de la passion. Mais il faut encore plus de rigueur, avec plus de professionnalisme. Aujourd’hui les moyens font défaut mais je crois que c’est prometteur. Il y a assez de motivation. Notre écosystème j’avoue est très difficile, on a notre façon de voir les choses. D’ailleurs c’est commun aux francophones, ce qui diffère beaucoup dans le monde anglophone. Mais comme acteur nous ne pouvons pas rester les bras croisés, on continuera par s’inspirer des réussites, et avancer même si c’est lentement. Quand on voit cette génération de talentueux et même les aînés talentueux, il faut juste aller au rythme togolais avec ce qu’on a pour le moment, les moyens du bord. Avancer au rythme Togolais tout en dépassant les frontières pour atteindre les sommets.

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