Le rap féminin au Togo, autrefois vibrant et plein de promesses, traverse une période difficile. Des artistes comme Aurly Shaki, Ayamey, ou Myra, qui tenaient le mic avec force, semblaient prêtes à imposer leur voix dans un univers dominé par les hommes. Mais aujourd’hui, un silence inquiétant se fait sentir.
Des figures comme Flash Marley, Milly Parker, ou Chelsea ont disparu des radars. Plus récemment, Keniza et Najie, qui semblaient prendre de l’ampleur, ont pris du recul. Silence radio, projets abandonnés, et pour certaines, une disparition pure et simple de la scène. À ce jour, seule Lauraa reste debout, portant haut le flambeau avec ténacité, tandis qu’une nouvelle voix, Esseni, commence à émerger.
Que s’est-il passé pour que ces étoiles s’éteignent ? Une scène aussi riche en talents féminins mérite mieux. Le micro a-t-il changé de main, ou le système n’a-t-il pas suivi pour propulser ces reines à la place qu’elles méritent ?
Démarrons avec :
Aurly Shaki : La rappeuse togolaise, qui a marqué la scène avec des titres comme Machete, a été active vers 2015. Elle s’est fait remarquer pour son style percutant et ses paroles engagées, mais elle semble s’être mise en retrait ces dernières années. Très peu d’informations récentes sont disponibles sur ses activités actuelles. Aucune image, aucune information.
Chelsea : Talentueuse rappeuse, elle a fait ses débuts en 2014 et s’est faite connaître grâce à son style audacieux et un look masculin. Après une pause pour ses études, elle a fait son grand retour en 2020 avec le single Je t’ai bloqué, relançant sa carrière. Et puis, silence. On l’a retrouve par contre dans la peau de professionnel exerçant dans le secteur logistique : CHELSEA KEOULA
Flash Marley : De son vrai nom Maglodji Judith, elle s’est imposée en 2015 avec des titres comme Ogbé Olon et Biédéka. Elle a aussi collaboré avec des artistes comme Peewii, Cyano Gêne et Vicky R. En 2019, elle a sorti son premier album, devenant la première rappeuse togolaise à réaliser cet exploit. Cependant, elle a dû mettre sa carrière en pause à cause de la crise sanitaire de 2020, et s’est également lancée dans une start-up appelée Chez La Madé. Et plus d’actualités.
Ayamey, anciennement connue sous le nom de Marty Brahms, a marqué la scène du rap togolais avec son cover de Gangsta en 2016 et ses participations aux cyphers. Bien que sa carrière musicale se soit ralentie, elle reste une figure ayant enrichi le rap togolais avec des techniques bilingues. Aujourd’hui, elle se réinvente en tant que chroniqueuse média, poursuivant des projets dans d’autres secteurs.
Myra : elle est à la fois musicienne et artisane. Elle a lancé sa marque Efoyé en 2018, qui propose des produits haut de gamme faits de cuir et de tissus africains. Bien qu’elle soit active dans d’autres secteurs créatifs, sa carrière musicale semble en retrait, malgré son engagement pour l’entrepreneuriat et la promotion du savoir-faire africain.
Milly Parkeur : Née en 1996, Milly a plongé dans le rap dès son jeune âge. Elle s’est fait remarquer avec Le temps d’essayer en 2016 et est reconnue pour ses paroles sur des sujets sociaux, en particulier les droits des femmes et des jeunes filles au Togo. Elle se définit comme une afroféministe et œuvre pour l’avancement des droits des femmes en Afrique. Après avoir voyagé pour ses études, elle reste présente à travers des capsules et la bonne nouvelle, elle vient de lancé JVQTM (Je Veux Que Tu Meurs). Suivre : https://www.youtube.com/watch?v=e7cGUi19JGU
Lauraa, la Mablo, la queen du moment, également connue sous le nom de Lauraa Bazooka, continue de s’imposer sur la scène du rap togolais avec des titres comme Olévon, Habamé, Ghetto Love, et Egne Lon Gogomi … Son influence ne cesse de croître, et elle est désormais considérée comme l’une des figures majeures du rap féminin au Togo. Récemment, elle a lancé un nouveau titre très prometteur, éponyme, qui est à suivre de près.
Keniza, alias la chaleur : Bien qu’elle ait connu un début prometteur sur la scène musicale, elle demeure discrète ces derniers temps. Ses apparitions sur TikTok laissent présager qu’elle travaille sur de nouveaux projets, avec des perspectives pour 2025. On espère …
Najie : Après avoir posé ses marques en 2022 avec Allez Go, Najie semblait prête à s’imposer. Cependant, son parcours a ralenti, et on manque d’informations récentes et concrètes concernant ses projets. Elle a disparu aussitôt que son apparition… Dommage. On espère qu’elle brise le silence.
Esseni : se réinvente en tant que “King Rapper Sisiblissi” et “PMDRG”. Avec une forte envie d’apprendre et de s’imposer dans le rap, elle pourrait bien surprendre positivement avec ses récentes sorties. Son approche montre une détermination à réussir, et il y a clairement de la place pour elle dans la scène rap togolaise. Bonne chance à elle dans cette nouvelle aventure !
Pourquoi ce recul ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène :
- Manque de soutien : les structures de production et de promotion du rap féminin sont encore peu développées au Togo.
- Concurrence masculine : le rap togolais reste dominé par les hommes, ce qui rend plus difficile pour les femmes de se faire une place durable, si elles n’ont pas le coffre adapté.
- Obstacles socioculturels : les attentes sociales envers les femmes peuvent freiner leur implication continue dans une industrie exigeante.
- Changements de priorité : certaines artistes choisissent de se concentrer sur d’autres projets ou responsabilités personnelles.
Une lueur d’espoir ?
Malgré ce constat, le rap féminin togolais n’est pas mort. Des initiatives émergent pour encourager les jeunes femmes à s’exprimer à travers le hip-hop et d’autres styles musicaux. De plus, les festivals et plateformes de promotion deviennent de plus en plus accessibles, tant pour les artistes établies que pour les nouvelles générations.
Que ce soit à travers des collaborations, des ateliers ou des projets collectifs, il est temps de redonner au rap féminin togolais la visibilité qu’il mérite. Les rappeuses doivent se réveiller et, si nécessaire, bousculer les femmes du showbiz qui organisent des événements, sont présentes dans les médias et créent du contenu. Les femmes du secteur doivent se mobiliser et agir ensemble, et les artistes féminines doivent comprendre l’importance de la collaboration. En groupe pour un intérêt commun, elles peuvent imposer la femme créative dans ce milieu.
Cet article marque un premier pas important. Maintenant, il est temps pour les artistes féminines togolaises de se réveiller et de prendre leur place. Les “sisters”, le moment est venu d’agir ensemble et de marquer l’histoire de la scène musicale.