Le cancer du sein : une maladie silencieuse
Dr Stanislas AGBO s'exprime aux côtés de Vanessa Débi
Le cancer du sein, on ne le dira jamais assez, est l’une des principales causes de mortalité chez les femmes dans le monde. Il est sans aucun doute l’une des maladies les plus complexes. Mais, des stratégies de prévention et de dépistage permettent de détecter le cancer à un stade précoce, offrant de meilleures chances de guérison. Le cancer du sein peut se développer silencieusement, c’est pourquoi il est utile d’être attentif à certains signes avant-coureurs.

La sensibilisation à ces signes et un suivi médical régulier pour agir rapidement. Avec des options de traitement de plus en plus avancées, les femmes touchées par cette maladie ont aujourd’hui de meilleures perspectives de survie et de qualité de vie. Le dépistage permet de détecter le cancer du sein à un stade précoce, avant l’apparition de symptômes, augmentant ainsi les chances de traitement efficace. Bien que certains facteurs de risque soient incontrôlables (comme l’âge ou les antécédents familiaux), il existe des mesures de prévention qui peuvent réduire le risque de développer un cancer du sein.
Pour cet article qui n’est que le premier épisode d’une série de 3, nous avons rencontré pour vous, Dr Stanislas AGBO.
Docteur en médecine et Directeur de la clinique La Miséricorde à Agoe, Dr AGBO est spécialiste en santé et sécurité au travail. Il œuvre à garantir un environnement de travail sain et sécurisé, contribuant ainsi à la prévention des risques professionnels dans les entreprises.
En tant que créateur de contenu médical, il partage énormément sur les réseaux sociaux à l’instar de TikTok, ses connaissances médicales pour sensibiliser le public sur des questions de santé.
Les questions que nous lui avons posées permettent d’explorer le sujet sous divers angles : la prévention, le dépistage, les traitements et le rôle du médecin dans l’accompagnement des patientes. Elles visent à sensibiliser et à informer tout en reflétant les progrès et défis dans la lutte contre le cancer du sein.
Dans cette première partie, nous nous concentrerons sur les symptômes, les facteurs de risque, le dépistage et la prévention.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le cancer du sein et comment il se développe?
Le cancer du sein est une maladie dans laquelle des cellules du sein se développent de manière incontrôlée, formant une masse appelée tumeur. Le développement du cancer du sein se fait en plusieurs étapes.
Tout commence par une mutation génétique ou un autre type de dysfonctionnement cellulaire dans l’ADN des cellules mammaires. Ce dysfonctionnement provoque une division cellulaire incontrôlée. Au fil du temps, ces cellules anormales forment une tumeur qui peut être bénigne ou maligne qui est le cancer.
Ces cellules anormales peuvent se propager en envahissant les tissus environnants et dans certains cas, elles peuvent se disséminer vers d’autres parties du corps par l’intermédiaire des ganglions lymphatiques et du système sanguin, conduisant ainsi à des métastases.
Les tumeurs malignes sont dangereuses parce qu’elles ont la capacité de s’étendre à d’autres parties du corps. Ce processus, appelé métastase, est souvent ce qui rend le cancer potentiellement mortel.
Quels sont les principaux facteurs de risque du cancer du sein ?
Plusieurs facteurs de risque sont évoqués.
Parmi les plus courants, on trouve :
- L’âge : le risque augmente avec l’âge. Environ 80 % des cancers du sein sont diagnostiqués chez des femmes de plus de 50 ans.
- Les antécédents familiaux : avoir des proches parents (mère, sœur, fille) qui ont eu un cancer du sein ou des ovaires augmente le risque.
- Les mutations génétiques : les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont particulièrement connues pour accroître fortement le risque de cancer du sein et des ovaires.
- Les facteurs hormonaux : l’exposition prolongée aux œstrogènes, par exemple par des règles précoces (avant 12 ans), une ménopause tardive, ou l’utilisation prolongée de traitements hormonaux après la ménopause, peut augmenter le risque.
- Le mode de vie : le surpoids, un régime alimentaire riche en graisses, une consommation excessive d’alcool et une sédentarité augmentent également les risques de développer un cancer du sein.
- Les radiations : l’exposition à des radiations (par exemple dans le cadre de traitements pour d’autres types de cancer) peut augmenter le risque, surtout si l’exposition a eu lieu avant 30 ans.
- L’absence de grossesse ou une première grossesse tardive : les femmes qui n’ont jamais eu d’enfants ou qui ont eu leur premier enfant après 35 ans sont plus exposées.
Le dépistage précoce est crucial.
À quel âge et à quelle fréquence conseillez vous aux femmes de commencer à se faire dépister ?
Le dépistage précoce joue un rôle essentiel dans la lutte contre le cancer du sein car il permet d’identifier la maladie à un stade où elle est plus facilement traitable. En général, les recommandations actuelles suggèrent que les femmes commencent le dépistage régulier à partir de 50 ans, en réalisant une mammographie tous les deux ans. Pour les femmes qui ont des antécédents familiaux ou d’autres facteurs de risque, il est souvent conseillé de commencer plus tôt, dès l’âge de 40 ans, ou même avant si des mutations génétiques ont été identifiées.
Il est également recommandé que toutes les femmes, quelle que soit leur tranche d’âge, fassent attention à leur propre corps et signalent toute anomalie à leur médecin. L’auto-examen mensuel est aussi un outil utile pour les femmes de tout âge afin de détecter des changements.
Toutefois, il est important de noter que l’auto-examen ne remplace pas les examens médicaux professionnels, tels que les mammographies et les échographies.
Des techniques complémentaires, telles que l’IRM mammaire, sont également utilisées chez certaines femmes à haut risque, notamment celles porteuses de mutations génétiques comme BRCA1 ou BRCA2, car ces techniques peuvent détecter des anomalies qui ne sont pas toujours visibles sur une mammographie classique.
Quels sont les signes ou symptômes auxquels les femmes devraient prêter attention ?
Les signes et symptômes du cancer du sein peuvent varier, mais certains indicateurs doivent alerter. Le plus souvent, les patientes consultent en raison de la présence d’une masse dans le sein. Cette masse peut être indolore ou douloureuse, dure ou molle.
Les autres signes incluent :
- Une modification de la taille ou de la forme d’un sein.
- Des changements de la peau du sein, comme une rougeur, un épaississement, ou un aspect en peau d’orange.
- Des douleurs persistantes au niveau du sein ou de l’aisselle.
- Un écoulement anormal du mamelon, en particulier si cet écoulement est sanglant.
- Une inversion soudaine du mamelon.
- Une irritation ou des croûtes sur la peau ou le mamelon.
Il est important de noter que ces symptômes ne signifient pas forcément qu’une femme a un cancer du sein, mais il est essentiel de consulter un médecin pour évaluer toute anomalie. De nombreuses masses mammaires sont bénignes, comme les kystes ou les fibroadénomes, mais seul un professionnel de la santé peut faire un diagnostic précis après des examens complémentaires.
Le cancer du sein peut-il se manifester différemment chez les jeunes femmes ?
Oui, chez les jeunes femmes (moins de 40 ans), le cancer du sein tend à être plus agressif et à se développer plus rapidement. De plus, les seins des jeunes femmes sont généralement plus denses, ce qui rend la détection par mammographie plus difficile. Dans ce groupe d’âge, les cancers du sein sont souvent découverts à un stade plus avancé, car le dépistage systématique par mammographie n’est pas encore recommandé en routine avant 40 ans, sauf dans les cas de facteurs de risque importants.
De plus, les formes de cancer du sein liées aux mutations BRCA1 et BRCA2 sont plus fréquentes chez les jeunes femmes. Cela signifie que chez cette population, la génétique joue souvent un rôle plus important, nécessitant un dépistage plus attentif, parfois même dès l’âge de 25 ans.
Par ailleurs, les jeunes femmes peuvent ne pas être aussi attentives à leur corps ou à la possibilité de développer un cancer du sein. Elles peuvent ignorer les premiers signes, pensant à tort que cela ne peut pas les concerner à un âge précoce. C’est pourquoi il est crucial de sensibiliser les jeunes femmes à prêter attention aux éventuels symptômes, à consulter rapidement en cas de doute, et à discuter de leur historique familial avec leur médecin.
Quelles sont les options de prévention, notamment en termes de modes de vie pour réduire les risques de développer un cancer du sein ?
En effet, certaines modifications du mode de vie peuvent réduire le risque de développer la maladie.
Les mesures comme le fait de :
- Maintenir un poids santé : l’obésité, surtout après la ménopause, augmente le risque de cancer du sein.
- Pratiquer une activité physique régulière : l’exercice régulier aide à maintenir un poids sain et peut réduire le risque de cancer du sein, probablement en diminuant les niveaux d’œstrogènes et en renforçant le système immunitaire.
- Limiter la consommation d’alcool : même une consommation modérée d’alcool augmente le risque de cancer du sein. Il est recommandé de limiter la consommation ou de s’abstenir complètement.
- Adopter une alimentation saine : un régime riche en fruits, légumes, fibres, et pauvre en graisses saturées peut aider à réduire les risques. De plus, certaines études suggèrent qu’une consommation élevée de graisses saturées pourrait être associée à un risque accru de cancer du sein.
- Allaiter ses enfants : l’allaitement maternel réduit le risque de cancer du sein, probablement en réduisant l’exposition aux hormones qui peuvent favoriser la croissance des cellules cancéreuses.
- Eviter les traitements hormonaux substitutifs à la ménopause : les traitements hormonaux combinant œstrogènes et progestatifs, lorsqu’ils sont pris sur une longue durée, augmentent le risque de cancer du sein. Si un traitement hormonal est nécessaire pour soulager les symptômes de la ménopause, il doit être pris à la dose la plus faible possible et pendant la période la plus courte.
- Éviter l’exposition aux radiations inutiles : bien que les radiations soient parfois nécessaires pour des traitements médicaux, il est conseillé d’éviterles expositions inutiles aux rayonnements, surtout chez les jeunes femmes.
Pour les femmes à risque élevé, telles que celles porteuses des mutations BRCA1 ou BRCA2, des stratégies préventives supplémentaires peuvent être envisagées, notamment la chirurgie prophylactique (mastectomie préventive) ou l’usage de médicaments comme le tamoxifène, qui bloquent les effets des œstrogènes sur le sein. Ces décisions doivent toujours être prises en concertation avec des spécialistes, car elles comportent des risques et des avantages.
À suivre…
Vanessa Débi