Femmes des médias du TOGO : au cœur de la résolution 1325
Atelier de renforcement des capacités des Femmes des Médias au Togo : un pas décisif vers une meilleure compréhension de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité.
Lomé, le 6 novembre 2024 – À l’hôtel Concorde, un atelier de renforcement des capacités a été organisé pour les femmes professionnelles des médias sur le thème : “Comprendre l’agenda Femmes, Paix et Sécurité pour renforcer l’engagement en faveur des droits des femmes”. Initié par le West Africa Network for Peacebuilding Togo (WANEP TOGO) et l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC-Togo), avec le soutien financier du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD – Togo), cet événement vise à sensibiliser les participantes et à leur fournir des outils pour traiter avec justesse les enjeux de paix et de sécurité, tout en intégrant une perspective de genre.
Comprendre l’importance de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité
L’atelier s’inscrit dans le cadre de la Résolution 1325, adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies le 31 octobre 2000, qui célèbre cette année son 24ᵉ anniversaire. Cette résolution appelle les États membres à garantir la participation active des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix. La Résolution 1325 est née de la reconnaissance que les femmes, bien qu’elles soient souvent parmi les premières victimes des conflits, restent marginalisées dans les processus de paix. Les statistiques révèlent qu’entre 1992 et 2019, les femmes n’ont représenté qu’une faible proportion des négociateurs et médiateurs dans les processus de paix mondiaux, soulignant un besoin urgent d’intégration accrue dans ces sphères.
Objectifs et priorités de l’atelier de renforcement des capacités des femmes professionnelles des médias
Le Togo traverse actuellement une phase décisive avec l’évaluation et la mise à jour de son Plan d’Action National (PAN). Ce plan, intitulé Plan d’Action National pour l’Implication des Femmes et des Jeunes Togolais dans la Résolution des Conflits et la Consolidation de la Paix – Section Togo, définit les stratégies de mise en œuvre des résolutions 1325, 1820, 2242, et 2250 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le premier PAN du Togo, élaboré en 2011, portait sur les résolutions 1325 et 1820 du CSNU. En mars 2018, un nouveau plan a été élaboré pour intégrer les autres résolutions, notamment les résolutions 2242 et 2250. L’objectif de ce plan est d’accroître l’implication des femmes et des jeunes dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix au Togo.
L’atelier a permis de sensibiliser les participantes journalistes aux quatre piliers fondamentaux de l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité”. Le premier pilier, Prévention, met l’accent sur la nécessité de sensibiliser aux enjeux de genre dans les processus de paix, en faisant reconnaître le rôle des femmes dans la prévention des conflits. Le deuxième, Protection, vise à assurer la sécurité des femmes dans les contextes de conflit, reconnaissant que les femmes sont souvent les premières victimes des crises. Participation, le troisième pilier, s’attache à inclure les femmes dans les processus de paix et de sécurité, garantissant leur présence dans les discussions et décisions. Enfin, le pilier Promotion encourage l’intégration de cet agenda dans les politiques publiques nationales, afin que les droits des femmes soient systématiquement pris en compte.
Interventions et perspectives
Lors de cet atelier, M. Seyram Adiakpo, coordinateur national de WANEP Togo, a rappelé aux participantes que leur rôle de journalistes, aussi de communicantes est capital pour favoriser l’inclusion des femmes dans les processus de paix. Selon lui, dans un contexte de défis sécuritaires exacerbés, notamment face à la montée de l’extrémisme violent, il est fondamental que les médias togolais s’engagent, particulièrement ceux dirigés par des femmes. Il a déclaré : « Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcer la résilience et l’engagement des communautés pour prévenir et combattre l’extrémisme violent au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Togo », réalisé en collaboration avec le PNUD, avec l’appui financier de la Coopération allemande, du Danemark et de l’Australie. Notre mission ici est de vous doter d’outils concrets et nécessaires pour traiter avec rigueur et éthique l’information liée aux questions de genre, de paix et de sécurité. Au-delà de cela, cet atelier se veut également un espace d’échange et de partage. Votre travail a le pouvoir de susciter une prise de conscience, de promouvoir des valeurs de paix, et de favoriser une participation équitable des femmes dans notre société. »
M. KOMBATE Yendoukoa Aimé, représentant de la Représentante du PNUD TOGO, a pris la parole pour souligner les progrès encore insuffisants réalisés depuis l’adoption de la Résolution 1325. Il a insisté sur l’importance de renforcer la participation des femmes en tant qu’actrices de paix dans un contexte mondial encore largement dominé par les hommes. « Pourtant, vingt-quatre ans plus tard, le chemin à parcourir pour une pleine intégration des femmes aux processus de paix reste encore long. Pour y parvenir, toutes les catégories socio-professionnelles doivent être impliquer. Ainsi, les femmes des médias qui sont des actrices fondamentales dans le processus de consolidation de la paix ont un rôle important à jouer. Il est nécessaire d’être outillé afin d’avoir les compétences nécessaires pour jouer pleinement ce rôle. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce présent atelier de formation qui a pour objectif de renforcer les capacités des femmes journalistes sur l’agenda Femmes, Paix et Sécurité pour faciliter leur compréhension en vue de les emmener à mieux promouvoir son contenu dans leurs reportages et autres productions médiatiques.»
Pour Lyne AYIVOR, la présidente de l’Association des professionnelles africaines de la communication (APAC-Togo), cette séance offre une opportunité de renforcer les capacités des femmes journalistes et communicantes dans le traitement des questions de paix, de sécurité et de genre. Elle a souligné l’importance de cet atelier en tant que plateforme permettant aux participantes de se doter des compétences nécessaires pour jouer un rôle clé dans la sensibilisation et la promotion de l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité » au Togo et au-delà.
L’agenda “Femmes, Paix et Sécurité” (FPS) a été conçu pour répondre à un constat frappant
En période de conflits et de crises, la vulnérabilité des femmes est particulièrement accentuée. Cependant, paradoxalement, leur présence et leur rôle dans les processus de paix et de sécurité restent largement insuffisants. Malgré leur impact direct et leur souffrance dans les contextes de guerre, les femmes sont historiquement exclues des tables de négociation et des processus décisionnels.
Enjeux de genre et conflits : la réalité africaine et dans le monde
La réalité des conflits en Afrique et ailleurs expose les femmes à des risques accrus, comme les violences sexuelles systématiques observées dans des zones de conflit en RDC, au Nigeria par exemple. À ces difficultés s’ajoute la précarité économique, accentuée par des crises économiques et la pandémie de COVID-19, qui ont laissé de nombreuses femmes sans protection sociale, en particulier celles travaillant dans le secteur informel. Dans les situations de conflit, les services de santé, notamment de santé reproductive, deviennent souvent inaccessibles, l’accès à l’eau potable, et autres renforçant les inégalités de genre et mettant en péril la santé des femmes. Face à ces défis, il est impératif de renforcer la résilience des femmes et de leur donner les moyens d’agir dans les processus de paix et de décision.
Lors des sessions de cet atelier, les interventions ont abordé assez de thématiques, notamment la résolution 1325 et la mise en œuvre de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité (FPS) au Togo. Une attention particulière a été portée sur des enjeux tels que le fact-checking, la lutte contre les discours de haine, ainsi que la désinformation et la mésinformation, qui, en période de conflits, peuvent nuire à la paix et à la sécurité.
Le journaliste, enseignant et co-fondateur de TogoCheck, Noël Kokou Tadegnon, a insisté sur le rôle des médias dans la vérification des informations. Il a clarifié les notions de manipulations, de rumeurs, à la mal information, à la mésinformation et à la désinformation, qui peuvent exacerber les divisions et les conflits.
Les engagements des femmes des médias
Lors de cet atelier, les femmes journalistes ont eu l’opportunité de réfléchir et de proposer des idées pour mieux jouer leur rôle dans la promotion et la mise en œuvre de l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité” (FPS), en réponse aux enjeux sécuritaires actuels au Togo et dans la sous-région.
Plusieurs femmes de médias étaient à l’atelier, précisément une vingtaine, actives dans les médias du TOGO. Parmi elles, Marceline Akakpovi, journaliste à Pyramide FM, décide de creuser davantage la question de paix, sécurité, lutte contre les discours de la haine et d’intégrer ces thèmes dans ses émissions. Selon elle, cela pourrait non seulement aider les auditeurs à mieux comprendre les enjeux, mais aussi soutenir les États dans leurs efforts pour la paix. Pour elle, c’est une occasion de donner plus de voix aux femmes, en particulier pour qu’elles puissent mieux s’exprimer et contribuer à la cessation des conflits. Elle a ajouté que lorsqu’il y a la paix, les conséquences sur les femmes sont réduites, et elle s’engage à contribuer quotidiennement à cette cause.
Aussi, Ambroisine Mêmèdé, Directrice générale de l’agence de presse Savoir News, a également exprimé son engagement. Elle a indiqué que, désormais, elle se sent mieux armée pour contribuer activement à la promotion de la femme et à sa protection face aux crises. Pour elle, c’était une bonne occasion pour mieux comprendre le contenu de l’agenda FPS, de s’en approprier les objectifs et de l’intégrer dans son travail. Même en ligne, elle considère que cette prise de conscience lui permettra de mieux défendre et promouvoir les droits des femmes dans son travail journalistique.
Des femmes des médias en première ligne pour la Paix
Cet atelier a offert aux femmes journalistes et communicantes togolaises des ressources nouvelles pour traiter les questions de paix et de sécurité avec rigueur et éthique, en intégrant une approche sensible au genre. Les participantes ont été encouragées à devenir des porteuses de changement, des voix influentes, des ambassadrices de paix pour une culture de la paix et de la sécurité inclusive au Togo.
En prenant part à cet événement, ces femmes s’engagent à relayer l’importance de l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité” dans leur travail quotidien, trouver des sujets nouveaux et angles pour mieux informer la société contribuant ainsi à renforcer la visibilité de l’engagement des femmes et à sensibiliser le public à l’importance d’une participation égalitaire dans les efforts de paix et de sécurité.
Une collaboration entre les organisations de la société civile (OSC), les journalistes et le ministère de l’Action sociale, de la solidarité et de la promotion de la femme et toutes les parties prenantes est souhaitée pour renforcer l’impact de l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité”.