De la réflexion à l’action : un plan collectif pour les féministes africaines
Les sœurcières pensent l’avenir ..
Du 25 au 27 octobre 2024, Kpalimé, ville nichée au cœur des montagnes, entourée de nature verdoyante et bénéficiant d’un climat frais dans la région des Plateaux, au TOGO, a accueilli la troisième édition du Colloque des Féministes. Cet événement, organisé par la communauté ” Les Négresses Féministes ”, a rassemblé des militant-es issues de dix pays africains, notamment le Mali, le Burkina, le Bénin, le Cameroun, le Sénégal, la Guinée Conakry et autres. Sous le thème : « La montée des mouvements anti-droits : quels défis pour le bien-être et la sécurité des militantes ». Les sœurcières participantes ont partagé réflexions, stratégies et expériences dans un environnement propice à la solidarité et à la résilience.
Un Programme centré sur les enjeux féministes
Les échanges lors de la 3e édition du colloque ont permis de traiter plusieurs thématiques pour l’évolution des luttes féministes en Afrique. La première session a consisté en une mise à niveau pour permettre à toutes les participant-es de partager un langage commun en abordant la question fondamentale : “Comprendre le féminisme”. Les militant-es ont ensuite analysé la montée des mouvements anti-droits, en évaluant les défis actuels que ces mouvements représentent pour les droits des enfants, femmes et la société. Le colloque a également mis l’accent sur des enjeux liés à la survie et le bien-être des militant-es féministes, en discutant de leur sécurité et des stratégies de résistance face aux attaques croissantes. Un volet de l’événement a été consacré au renforcement des réseaux de solidarité, une ressource indispensable dans la lutte. Les discussions ont également insisté sur l’importance de prendre soin de soi pour maintenir un équilibre personnel nécessaire à une lutte durable. Aussi des réflexions autour du leadership et de la solidarité féministe en Afrique et la question de la spiritualité et du féminisme pour mieux se connaître.
Saturnia Josée, Féministe togolaise et membre des Négresses Féministes
« Je suis convaincue qu’avec des espaces comme celui-ci, où nous pouvons échanger et nous soutenir, nous pouvons faire entendre notre voix et lutter contre ces mouvements qui tentent de faire reculer les droits des femmes. Les jeunes militantes ont besoin de se connaître, d’échanger des idées, de poser des actions collectives et de continuer la lutte. »
Rosaline Tsekpuia, Féministe engagée et membre des Négresses Féministes
« La montée des groupes anti-droits nous pousse à redoubler d’efforts pour maintenir notre mobilisation. Nous devons rester visibles, être résilientes, et utiliser nos outils les plus efficaces : l’éducation, la solidarité, et la résistance pacifique. C’est ensemble, dans l’unité, que nous pourrons renforcer nos acquis et repousser ces attaques. »
Teslanik Houndegnon, Community and Network Manager, Centre ODAS
« Les attaques des mouvements anti-droits, notamment celles visant les droits reproductifs, menacent nos progrès. Notre mission consiste à apporter des solutions immédiates, tout en sensibilisant les communautés pour protéger les acquis des femmes et renforcer leur indépendance. »
4 jours de discussions et de réseautage , les sœurcières se sont réparties en groupes de travail, chacun explorant une problématique spécifique. Ces ateliers ont débouché sur des propositions concrètes, compilées dans un document stratégique. Le plan d’action ainsi défini offre une feuille de route pour contrer les mouvements anti-droits dans la vie quotidienne des militantes.
Mama Awa Diop, militante féministe sénégalaise, a souligné :
« Les attaques conservatrices menacent nos acquis. Nous devons nous réorganiser, soutenir les jeunes militantes et préserver les espaces de liberté pour toutes les femmes. »
L’Importance du bien-être des militantes
Un volet du colloque était dédié au bien-être des militantes. Des séances de relaxation — massages, soins de beauté, et méditation — ont permis de renforcer le lien collectif et de rappeler l’importance de prendre soin de soi pour mener une lutte durable.
L’autosoin est indispensable, il faut être vivante et en bonne santé, avant de pouvoir aider les autres dans leur combat. Une discussion profonde a eu lieu autour de la spiritualité, abordée comme un moyen pour mieux se connaître et être en accord avec soi-même.
Ayawa Alognon, féministe, entrepreneure sociale, a déclaré :
«La spiritualité joue un rôle clé dans notre émancipation. Elle nous reconnecte à notre force intérieure et nous donne les ressources nécessaires pour surmonter les défis sociétaux. » Très pertinente et outillée sur le sujet, elle a donné des réponses instructives, lors du colloque.
Pour M’Béna Bakole, féministe , entrepreneure togolaise et membre des Négresses Féministes, le colloque est aussi une occasion de célébrer les victoires du passé tout en regardant vers l’avenir :
« Nos mères et grands-mères ont commencé cette lutte. Nous avons la responsabilité de la continuer pour les générations futures. Ce colloque pose les bases d’une histoire féministe dont nous devons être fières. »
Le temps alloué au colloque a été trop court, tant les discussions ont été riches et sincères. La 3e édition du Colloque des Féministes a jeté les bases d’une stratégie collective pour continuer la lutte. En offrant un cadre à la fois ressourçant et constructif, Les Négresses Féministes ont une fois de plus démontré leur capacité à unir les voix féminines africaines. Le rendez-vous est pris dans deux ans pour la quatrième édition, où les militant-es espèrent évaluer les progrès réalisés et redéfinir les priorités face aux nouveaux défis.
Les activités du colloque se sont clôturées par des séances de réseautage. En complément de ces moments d’interaction professionnelle, les militant-es ont eu l’opportunité de découvrir les richesses culturelles de la ville de Kpalimé, à travers des visites touristiques.
La lutte continue.
Belle initiative 👌