Lomé, Togo – 10 avril 2025
Ce jeudi 10 avril marque le début d’un atelier de débriefing de deux jours, initié par l’Association de Soutien aux Femmes Démunies (SAFD), soutenu par l’African Women’s Development Fund (AWDF), et en collaboration avec d’autres organisations féminines et féministes de la société civile togolaise. Cet événement, qui se poursuit jusqu’au 11 avril 2025, fait suite à la participation active des OSC togolaises à la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69) à New York, dans le cadre de la commémoration des 30 ans de la Déclaration de Beijing.
Ce processus de réflexion a débuté par un atelier préparatoire les 28 et 29 février 2025, visant à analyser le rapport national soumis par le gouvernement togolais à la CSW. Les organisations y avaient formulé des propositions complémentaires, basées sur les 12 domaines prioritaires de la Déclaration de Beijing, tels que l’accès des femmes aux ressources économiques, à l’éducation, aux soins de santé sexuelle et reproductive, ou encore leur participation au leadership. L’atelier actuellement en cours vise à capitaliser les expériences vécues à New York, à analyser les outils acquis et à construire une feuille de route commune pour renforcer l’impact des actions féministes au Togo.
Une volonté de transformation portée par des leaders engagées
À l’ouverture de la session nationale, plusieurs figures de la société civile ont partagé leurs expériences vécues lors de la CSW69 à New York. Madame Nabroulaba TEM, Directrice Exécutive de l’organisation Main de Développement, a réaffirmé l’engagement de son organisation en faveur des droits des femmes, soulignant la nécessité d’une solidarité renforcée entre les OSC. Elle a ajouté : « Il est temps que les OSC féminines fassent bloc, partagent davantage leurs expertises et démontrent leur efficacité sur le terrain à travers des actions coordonnées. »
Madame Kouadjo Yawa, Directrice Exécutive de l’Association de Soutien aux Femmes Démunies (SAFD), a présenté les progrès réalisés et insisté sur la nécessité de structurer des projets solides, appuyés par des données fiables, pour renforcer la capacité de mobilisation des ressources. « Il nous faut désormais parler à la hauteur de nos actions. »
La Directrice Exécutive de Women Environmental Programme-Togo (WEP-Togo), Addra Akakpo Brigitte, a quant à elle, mis l’accent sur la nécessité de documenter davantage les initiatives féminines, en encourageant les organisations à développer des outils de suivi et d’évaluation pour renforcer leur position. « Si nous voulons peser dans les politiques publiques, il faut que nos actions soient visibles, mesurables et crédibles. La documentation est un levier stratégique. »
Une dynamique intergénérationnelle et stratégique
Les participantes de la CSW69 ont également partagé leurs expériences, soulignant les retards dans les dynamiques francophones, notamment en matière de sororité, d’organisation stratégique et d’accès aux ressources. Elles ont appelé à renforcer les capacités collectives, à créer des alliances intergénérationnelles, et à valoriser les expertises locales. Un moment marquant a été la déclaration poignante faite par Madame Odette TASSA ATCHRIMI, représentante de l’ONG Office de Développement et des Œuvres Sociales (ODOS), qui a rappelé un constat alarmant énoncé lors de la CSW69 : « Une fille née aujourd’hui n’atteindra l’égalité avec un garçon qu’en 2309, si rien ne change. » Cette affirmation a frappé les esprits et a guidé les discussions lors de l’atelier, mettant en lumière l’urgence d’accélérer les réformes nécessaires pour offrir des opportunités égales aux filles et femmes d’aujourd’hui.
Pour assurer la cohérence des travaux et renforcer l’impact du processus, l’atelier bénéficie de l’appui technique du Dr TCHAGNAO Mama-Raouf, consultant principal du processus et Administrateur du Comité d’Appui aux Réformes Institutionnelles et Juridictionnelles (C.A.R.I.J). Fort de son expertise dans l’analyse des politiques publiques, les dynamiques institutionnelles et les processus participatifs, le Dr TCHAGNAO accompagne chaque session de travail avec rigueur et méthode. Il veille à la structuration des réflexions collectives, à la cohérence stratégique des recommandations et à la capitalisation des productions issues des ateliers.
Les 12 domaines prioritaires
Les échanges ont porté sur les 12 domaines prioritaires identifiés par la Déclaration de Beijing. Plusieurs recommandations ont émergé pour renforcer l’autonomisation des femmes et améliorer leur participation à la vie sociale, politique et économique :
- Femmes et pauvreté
- Femmes et économie
- Femmes et environnement
- Participation aux prises de décision
- Mécanismes institutionnels pour l’amélioration de la position de la femme
- Droits fondamentaux des femmes
- Femmes et santé
- Violences à l’égard des femmes
- Petites filles
- Femmes et enseignement
- Femmes et conflits armés
- Femmes et médias
Vers un engagement collectif
Les rencontres des 10 et 11 avril 2025 marquent un tournant significatif dans l’engagement des actrices de terrain du Togo face aux défis mondiaux. Elles mettent en évidence l’urgence de bâtir une alliance stratégique et opérationnelle entre les organisations féminines et féministes afin de formuler des réponses concrètes, inclusives et durables. Les recommandations issues des ateliers avant et après Beijing constituent un cadre solide pour renforcer l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. Toutefois, il est maintenant temps de passer à l’action. Les idées formulées et les projets proposés doivent être concrétisés. Il est fondamental qu’un engagement collectif, impliquant à la fois les autorités publiques, la société civile, mais surtout l’ensemble des organisations féminines, permette de garantir aux femmes et aux filles du Togo une place pleine et entière dans tous les secteurs de la vie nationale. La mise en œuvre effective de ces recommandations est la voie incontournable vers une égalité réelle entre les sexes et la promotion des droits humains pour tous.
