Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 214 millions de femmes dans les pays en développement n’ont pas accès à des méthodes modernes de contraception. De plus, chaque année, 25 millions d’avortements à risque sont pratiqués, mettant en danger la vie de millions de femmes.
Dans un contexte où les inégalités de genre persistent et où les droits des femmes sont souvent relégués au second plan, il est utile d’adopter une approche féministe des DSSR. Cette approche vise à garantir l’autonomie corporelle des femmes et à promouvoir l’égalité dans tous les aspects de la santé sexuelle et reproductive. Comme le rappelait Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Garantir l’accès aux soins et aux droits reproductifs
Les DSSR englobent plusieurs enjeux :
- L’accès à des services de santé reproductive sûrs et complets ;
- Le droit à l’avortement sécurisé et légal ;
- La promotion d’une éducation sexuelle inclusive ;
- La lutte contre les stigmates et tabous liés à la sexualité et à la reproduction.
Le féminisme s’engage à éliminer les inégalités structurelles qui entravent l’accès aux soins de santé reproductive, notamment pour les femmes et les groupes marginalisés. Awa Thiam, intellectuelle et militante féministe sénégalaise, souligne : « Les femmes africaines doivent conquérir leur liberté, leur indépendance et leur autonomie sans attendre qu’on leur accorde ces droits. »
Promouvoir l’autonomie corporelle
Chaque humain a le droit de prendre des décisions éclairées sur sa santé sexuelle et reproductive, sans interférence ni contrôle extérieur. Cela inclut la possibilité de choisir si, quand et comment avoir des enfants, ainsi que l’accès à des services de contraception et d’avortement sécurisé. Comme l’explique l’activiste Angela Davis : « Lorsque les femmes ont le contrôle de leur propre reproduction, elles peuvent véritablement exercer leur liberté. »
Lutter contre les stigmates et tabous
Les normes culturelles et sociales autour de la sexualité et de la reproduction constituent des obstacles majeurs. Une éducation sexuelle complète et inclusive est essentielle pour déconstruire ces tabous et permettre à chacun d’accéder à des informations fiables et adaptées. Comme le souligne l’autrice féministe bell hooks : « La révolution féministe commence par là : apprendre aux femmes à s’aimer elles-mêmes et à revendiquer leur pouvoir. »
Adopter une approche intersectionnelle
Les expériences des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive sont influencées par divers facteurs : origine sociale, appartenance ethnique, orientation sexuelle ou statut migratoire. Une approche intersectionnelle permet d’adapter les politiques et les services de santé aux besoins spécifiques de chaque groupe.
Réformer les politiques publiques
Des réformes législatives sont nécessaires pour garantir le respect des DSSR. Cela passe par :
- La dépénalisation de l’avortement ;
- La gratuité et l’accessibilité de la contraception ;
- La mise en place de programmes de santé sexuelle et reproductive financés par les États.
Comme le rappelle la penseuse féministe et anticolonialiste Françoise Vergès : « Il ne peut y avoir de véritable émancipation des femmes sans une remise en question des systèmes de domination raciale et économique. »
Renforcer la participation des femmes dans la prise de décision
L’engagement des femmes dans les instances décisionnelles est essentiel pour garantir des politiques adaptées à leurs besoins. Audre Lorde affirmait : « Notre silence ne nous protégera pas. » Il est donc impératif que les femmes prennent la parole et occupent des postes stratégiques dans la lutte pour leurs droits.
Sensibilisation et éducation : des outils clés
Des campagnes de sensibilisation, des ateliers et des formations sont indispensables pour informer les populations sur l’importance des DSSR. Rachimini Malam Moumouni, activiste féministe engagée dans la promotion des droits des femmes et de la santé sexuelle et reproductive, souligne : « Le combat pour les droits des femmes passe par la capacité de chaque femme à décider librement de son corps, sans pression sociale ni politique. »
En adoptant une approche féministe des DSSR, nous œuvrons pour un monde plus égalitaire, où chaque femme peut exercer ses droits en toute autonomie. Cet engagement collectif repose sur des réformes politiques, un changement des mentalités et une mobilisation active des acteurs de la société civile.
La situation au Togo et les défis actuels
Au Togo, comme dans de nombreux pays en Afrique, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive demeure un défi majeur, notamment pour les femmes et les jeunes filles. Bien que des progrès aient été réalisés au cours des dernières années, il existe encore de nombreuses barrières, telles que le manque de structures de santé accessibles, les coûts des soins et l’absence d’une éducation sexuelle complète dans de nombreuses écoles. De plus, bien que le cadre juridique en matière de droits reproductifs existe, des pratiques culturelles et des stigmates sociaux persistent, limitant l’accès à l’avortement sécurisé et à d’autres services.
Les féministes togolaises et les organisations de la société civile militent pour l’amélioration de la législation sur l’avortement en vue de réduire l’avortement clandestin, l’application des textes de lois découlant de la loi SR, la réduction des inégalités d’accès aux soins, et l’introduction d’une éducation sexuelle complète obligatoire dans les écoles. Elles appellent à une réforme du système de santé pour garantir l’accès aux services de contraception, à l’éducation sexuelle, et à l’accompagnement des femmes dans la gestion de leur santé reproductive. Ces militant-es souhaitent également un soutien plus important de la part des autorités publiques et des partenaires internationaux pour mettre en œuvre ces réformes et garantir des services adaptés aux besoins de toutes les femmes, notamment celles vivant en milieu rural.