Chaque 25 novembre, le monde entier se mobilise à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette date, loin d’être un simple rappel symbolique, résonne comme un cri d’alarme face à un fléau qui persiste dans toutes les sociétés. Instituée par l’ONU en 1999, cette journée tire son origine de l’assassinat des sœurs Mirabal en 1960 en République Dominicaine, victimes de la répression d’un régime autoritaire. Mais aujourd’hui encore, des millions de femmes et de filles subissent des violences de toutes sortes, et le Togo n’échappe pas à cette réalité alarmante.
Une pandémie silencieuse : la violence contre les femmes au cœur des préoccupations
Rappelons-nous avec la crise sanitaire de la COVID-19 nous avons découvert une autre pandémie : celle des violences sexistes et sexuelles. Alors que les mesures de confinement étaient mises en place pour contrer la propagation du virus, elles ont paradoxalement enfermé des milliers de femmes et d’enfants avec leurs bourreaux. Dans de nombreux pays, les signalements de violences domestiques ont augmenté de 30 à 50 %. Le Togo, à l’instar d’autres nations, a été témoin d’une recrudescence des agressions subies par les femmes, accentuée par l’insécurité économique et sociale.
Mais des années avant, après la page noircie, la violence à l’égard des femmes n’est pas apparue avec la pandémie. Avant même l’épidémie, 243 millions de femmes et de filles étaient victimes de maltraitances à travers le monde. Cette réalité insoutenable est l’une des violations des droits humains les plus répandues et pourtant les moins signalées, en raison de l’impunité, de la peur et de la stigmatisation.
La situation au Togo : une réalité préoccupante
Les violences faites aux femmes au Togo sont multiples : violences conjugales, harcèlement sexuel, viol, mariage forcé, mariages d’enfants, mutilations génitales féminines, interdits alimentaires, rites de veuvage, internement dans les couvents, etc. Une étude de 2010, de l’UNFPA sur les violences basées sur le genre (VBG) révèle que :
- 41 % des femmes ont subi des violences physiques au sein de leur foyer.
- 91 % des femmes ont enduré des violences psychologiques.
- 33 % des femmes ont été victimes de violences sexuelles.
- 34 % des femmes ont subi des violences économiques, incluant la confiscation de revenus ou l’interdiction de travailler.
- 16 % des femmes ont été victimes d’abus de veuvage.
- 10 % ont souffert de discrimination dans l’héritage.
- 8 % ont été forcées à se marier.
Le taux de prévalence des mutilations génitales féminines (MGF) au Togo a certes diminué, passant de 12 % en 1996 à 3,9 % en 2010, mais des poches de résistance subsistent, notamment dans la région Centrale et les Savanes.
Une mobilisation nécessaire et urgente
Face à cette situation critique, le gouvernement togolais et plusieurs organisations de la société civile ont mis en place des stratégies pour combattre les violences basées sur le genre. Parmi les initiatives mises en place, on note :
- La révision du code des personnes et de la famille en 2012, garantissant le consentement dans les rapports sexuels au sein du mariage.
- L’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre.
- L’intégration de l’éducation sur les violences dans les programmes scolaires.
- La création de centres d’écoute et d’orientation pour les victimes.
- La mise en place de campagnes de sensibilisation et de formations pour les forces de l’ordre et les professionnels de la justice.
Malgré ces avancées, les efforts doivent être intensifiés. La mobilisation de toutes et de tous est obligatoire pour faire reculer ces violences et garantir un avenir sûr et digne à chaque femme et fille au Togo. Les 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, c’est chaque jour.
L’élimination de la violence à l’égard des femmes est un prérequis fondamental pour réaliser l’égalité des sexes, le développement et la paix. Chaque action compte : sensibilisation, signalement des cas, accompagnement des victimes, renforcement des lois et de leur application. Le Togo ne pourra réellement progresser sans une lutte acharnée contre ce fléau qui touche trop de femmes et de filles.
Il est temps d’agir, de ne plus se taire et de transformer l’indignation en actions concrètes.